En 1902, Louis Ducos Du Hauron « monte » près de Paris afin de s'occuper de ses affaires parisiennes en l'occurrence les plaques omnicolores de la société Jougla. Alcide qui entre temps avait pris sa retraite en 1896 était monté sur Paris afin bien entendu de soutenir son frère. Il loge bien entendu chez son frère au 14, rue des Rossays à Savigny sur Orge,ou il peut créer un laboratoire où il poursuit ses travaux sur les anaglyphes, ces images en relief observables avec des lunettes à verres rouge et vert, qu'il avait inventées en 1891. Après le décès de son frère (1909) puis de son neveu (1912), il quitte Savigny-sur-Orge avec sa belle-sœur pour retourner à Agen en 1914.
En 1951, à l’occasion du premier salon de la photographie organisé par le syndicat d’initiative local, un hommage a été rendu à Louis Ducos du Hauron. Le syndicat d’initiative de la ville apposera cette plaque en son souvenir le 28 janvier 1951. Des membres de la famille Ducos du Hauron résidant toujours dans cette partie de l’Essonne étaient présents, ainsi Mlles Ducos du Hauron, nièces de Louis, de M et Mme Lamarque ses petits-neveux,et des représentants des Lettres et Arts d’Agen.
En 1904, Alcide se retire dans sa demeure de Savigny sur Orge après avoir fait valoir ses droits à la
retraite
En 1906, nouvelle tentative de donner à ses découvertes de l’ampleur industrielle ; Louis après avoir déposé un brevet sur le procédé des plaques trichromies charge son neveu Raymond de Bercegol de s’associer aux frères Jougla afin de produire et commercialiser les premières plaques Omnicolore. La société Jougla avait été créée en 1882 par Joseph et Zacharie Jougla d’abord à Nogent puis au Perreux avant de se fixer définitivement à Joinville, au 15 avenue de l’Horloge en 1901. Leur usine assurait alors la fabrication industrielle de quarante mille plaques photographiques par jour et fabriquait l'appareil "SINNOX" . En 1907, première production des plaques Omnicolore, premières plaques couleurs du monde, quelques mois avant celles qui allaient les détrôner, les autochromes des frères Lumière.
Alors que Louis voyait enfin son talent récompensé et songer à un repos bien mérité, le sort allait de nouveau s’acharner sur lui. Le 2 avril 1911, la société anonyme des plaques, pellicules et papiers photographiques, des deux frères Jougla, qui fabriquait et commercialisait depuis 1907 les « omnicolore», premières plaques couleurs du monde (avant les autochromes des frères Lumière) fusionne devant Maître Verzier, notaire à Lyon avec sa concurrente, la société des frères Lumière sous le nom de l’« Union photographique industrielle - Établissements Lumière et Jougla réunis ». Cette fusion avait pour but de contrer Kodak. Le siège social est au 82, rue de Rivoli, avec succursale à Lyon-Monplaisir. L’usine de cette nouvelle société s’installe dans le quartier Polangis de Joinville-le-Pont près de Paris à l’emplacement de celle des anciens établissements Jougla. la nouvelle société favorisa commercialement les plaques Autochrome des frères Lumière, et abandonna la fabrication des Omnicolore vraisemblablement en 1912. Dès lors l’Omnicolore disparait au profit de l’autochrome.
Louis Ducos du Hauron est nommé chevalier de la Légion d’Honneur (journal officiel du 3 novembre 1912) en même temps que Louis Lumière qui, lui, est nommé Officier. Une récompense sans doute amère pour notre ami. Petite satisfaction toutefois, la demande d’octroi de cette médaille émanait de ces confrères, les participants au 4e congrès des photographes professionnels de 1908.
Hélas,lors de la première guerre mondiale , le logement des Ducos de Savigny sur Orge est occupé par la troupe. De fait, le plupart du mobilier disparaîtra comme le laboratoire de Louis et ce qu’il pouvait contenir en matière de photographies.
L’un des plus remarquables aspects des travaux de Louis Ducos du Hauron est du domaine de la chimie. Il y a déjà pas mal de temps, en 1980, une exposition, organisée dans le cadre du mois de la photo à Paris présentait dans la Galerie des rencontres d'Olympus des photographies de Louis Ducos du Hauron. Le plus remarquable dans cette exposition aux dires des visiteurs comme des professionnels étaient l’extraordinaire état de conservation des premières épreuves polychromes dont certaines affichaient gaillardement un centenaire déjà avancé.
Le journal du Monde, s’étonnait dans un article de Roger Bellone (Clichés sans mémoire) en date du décembre 1980 de la qualité des épreuves présentées : « Leurs couleurs sont toujours d'une grande fraîcheur, donnant parfois l'impression d'être inaltérables. » et s’offusquait de l’altération partielle ou totale des photographies couleurs produites par les grandes firmes du marché mondial. En somme, et sur ce point de la pérennité, Kodak, Agfa et autres Fuji ne pouvaient toujours pas rivaliser avec Ducos du Hauron en 1980. Et l’on peut parier que du moins pour la photographie argentique, ces grandes entreprises ont perdu définitivement la partie. Comme l’écrivait Roger Bellone, « en un siècle, les photographies ont bénéficié d'améliorations importantes en finesse de détails, et en pureté de couleurs. Mais ne faut-il pas regretter que ce gain qualitatif ait été obtenu au détriment de la longévité des images ? »
Il est étonnant de constater d'ailleurs que l’on applique cette critique à de grandes entreprises d’aujourd’hui tout comme du en souffrir l’autochrome des Frères Lumière. Rappelons que de 1907 à 1920, l’autochrome donnait de douces couleurs aux teintes pastelisées tout en présentant une excellente conservation. Mais sa sensibilité était tellement faible et son grain si grossier (notamment par rapport au procédé de Ducos du Hauron) que la société Lumière décida de substituer les grains de fécule de pomme de terre ou de levure de bière des autochromes par des bactéries. Peine perdue. Le gain obtenu resta faible mais par contre les qualités de conservation furent sacrifiées. L’autochrome des Lumière disparut après la commercialisation en 1936 des émulsions Agfacolor et Kodachrome, plus fines et aux couleurs plus brillantes, même si elles n'apportaient pas d'avancées majeure sur leur durée de vie.
Dès lors on peut se demander si la plus grande erreur des Frères Lumière, qui entrainera à terme la disparition de l’entreprise n’est pas d’avoir abandonné l’Omnicolor de Ducos du Hauron au profit de leur autochrome.