Louis D​ucos du Hauron : ses autres inventions


En 1864, il dépose le brevet de « Cigarettes rendues indéroulables par l’addiction d’un léger filet de gomme » en coopération avec Alexandre Jaille industriel agenais et Léon Rabain.

En 1867, c’est le procédé de gravure dit « Photoglyptie et phototypie », c’est-à-dire de gravure faite à la main et reproduite par la lumière que LDH met au point avec son frère Alcide et le pharmacien agenais Jules Dheur qui était établi sous les cornières agenaises. Il s’agit des premiers travaux de masse photomécanique qui se rapproche de la technique lithographique. En fait l'une de ses recherches fondamentales car il gardait à l'esprit son projet de mettre à la disposition du plus grand nombre - notamment par l'imprimerie et la diffusion des journaux et des livres - les images du monde.

En 1869 il dépose avec Gontrand Dubernard de Lagrange du Tuco, le brevet de « moteur-girouette ou moulin à vent horizontal », un système analogue à la roue hydraulique.

En 1877, LDH dépose un procédé « Proportions et produits manufacturés spéciaux pour le tirage des épreuves photographiques en gélatine ou substance similaire, et leur superposition ».

Dans la foulée, il prend un brevet intitulé « Système de photographie fondé sur les propriétés photographiques de l’éosine avec interposition de milieux colorés ».

En 1888, c’est le « Transformisme en photographie par le pouvoir de deux fentes », prolongé en 1891 par le « Tube donnant la caricature en photographie par le moyen de deux fentes entrecroisées à distance ». Autrement dit le procédé de l’anamorphose.

La PHOTOGRAPHIE EN TROIS DIMENSIONS (3D)

Il va travailler parallèlement sur l’anaglyphe terme signifiant en relief. « Une combinaison de deux images superposées », ce que l’on peut résumer par le procédé stéréoscopique qui existant déjà mais se limitait jusque-là à des dessins.

Toujours en 1991, il dépose un nouveau brevet concernant les estampes, photos et tableaux stéréoscopiques produisant leur effet en plein jour sans l’aide du stéréoscope. Ce sont là les bases de la future 3D. Il va les décrire plus largement en 1896, dans le bulletin de la Société Française de Photographie en signant un article intitulé "Phototypes pour l'anaglyphie polychrome (page 473) auquel il donne le nom de stéréochromie.

Après la présentation de son traité de 1893 intitulé "L'Art des anaglyphes" à la Société des sciences, des lettres et des arts d'Agen, Louis Ducos du Hauron déclara avec beaucoup d’humour qu'il renoncerait aux droits de son brevet "si quelqu'un pouvait imprimer et publier une image anaglyphe de la lune suspendue dans l'espace ». Sachez que le défi fut relevé en janvier 1924, lorsque Léon Gimpel publia deux autochromes anaglyphes de la lune dans le journal l'illustration qui a cette occasion proposait des masques de vision 3D. L’un des images montrait une pleine lune que Gimpel avait produit en juxtaposant deux photographies de Charles Le Morvan . prises à l’Observatoire de Paris, l’une prise en janvier 1901 et l’autre en février 1904 - cet laps de temps était en effet indispensable pour obtenir un bon alignement des images.

Léon Gimpel
Cette petite anecdote nous donne l'occasion de parler d'un photographe injustement méconnu.
Léon Gimpel est né le 13 mai 1873 à Strasbourg et est mort le 7 octobre 1948 à Sévignacq-Meyracq. Amateur averti, il débuta comme reporter de presse, notamment pour le journal "L'Illustration" et "La Vie illustrée". Il s’est spécialisé ensuite dans la vulgarisation scientifique par l'image, travaillant notamment sur la naissance de l'aéronautique, des ballons et des dirigeables, les meetings aériens, mais également l'évolution de l'éclairage de Paris. Féru de technique photographique, il s’amusait également à l’art photographique en produisant lors de la prise de vue comme au laboratoire des images étranges voire spirites, à la frontière du surréalisme. La Société Française de Photographie possède une remarquable collection de ses clichés

Mais revenons-en à Louis Ducos du Hauron.

LA PHOTOGRAPHIE PANORAMIQUE.

Il poursuivra ses recherche et déposera sous le numéro 247775 en date du 20 mai 1895 (certains donnent la date du 20 juin), un brevet décrivant un "Appareil photographique à miroir courbe, procurant par anamorphose et sans mécanisme rotatif un panorama correct, réalisé soit graphiquement soit par projection".

La projection panoramique est obtenue à l'aide d'un miroir sphérique placé au centre du panorama et sur lequel on projette une vue photographique disposée directement au dessous, de manière à ce que les rayons se réfléchissent tout autour de cette sphère et donnent une image continue sur les parois circulaires de la chambre.

Il s'agit là tous simplement des bases des photos panoramiques et plus largement du du futur cinémascope.

Une imagination débordante

.Il propose également « Les clichés spéciaux pour les réalisations en imprimerie au moyen de trois ancrages seulement et sur toutes les presses, de la photographie des couleurs soit typographiquement, soit par report, et généralement par tous les procédés de gravure héliographique. »

Louis Ducos du Hauron et son neveu Raymond de Bercegol inventent aussi à la même époque une sorte de périscope « Une canne ou tube permettant de photographier une objet ou un spectacle qui est hors de portée de vue ». C’est-à-dire photographier par exemple derrière une foule, au-dessus des têtes.

L'OMNICOLOR, & L'ASSOCIATION AVEC LES FRÈRES JOUGLA

En 1905, Louis Ducos du Hauron et son neveu Raymond de Bercegol, qui avait conçu l'appareil photo SINNOX proposent aux frères Joseph et Zacharie Jougla de Mornas de réaliser industriellement des plaques photographiques de prises de vues couleurs d'après les principes de la trichromie. Elles prendront le nom de plaques Omnicolors. Selon « L’aide-mémoire de la photographie » de 1908, les plaque Omnicolors de la maison Jougla "sont constituées par une trame régulière obtenue mécaniquement et composée de rectangles microscopiques colorés en bleu, violet, vert et rouge orangé exactement juxtaposés les uns aux autres. Ce réseau est d’abord recouvert d’un vernis spécial transparent et ensuite d’une émulsion panchromatique. On les expose par l’envers et un écran compensateur pelliculaire, adapté à la sensibilité des plaques, sera découpé par l’opérateur dans des feuilles préparées par la Société Jougla et placé soit entre les lentilles, soit fixé contre la planchette qui supporte l’objectif. Ce même écran pelliculaire peut se placer dans le châssis en avant de la plaque. Le procédé opératoire est à peu près le même que celui employé pour le premier développement des plaques autochromes ; l’inversion se fait par un bain de bichromate de potasse additionné d’un acide fort et par un procédé un peu différent, le second développement s’effectuant le côté émulsion en dessous et l’action de la lumière se faisant au travers de l’écran ligné, par le dos de la plaque. Les plaques omnicolores sont recouvertes d’une couche d’émulsion suffisant pour permettre d’obtenir sans renforcement une grande richesse de couleurs ; le séchage a lieu comme à l’ordinaire, ces plaques pouvant d’ailleurs être séchées à l’alcool."

Raymond de Bercegol

La société Jougla fondée en 1894 avait ouvert en 1901 une usine à Joinville-Le-Pont pour la production de façon industrielle de 40 000 plaques par jour de papiers et produits de développement. En se lançant grâce à Louis Ducos du Hauron et de son neveu dans l'exploitation de leur procédé, la Société Jougla fut la première société à produire des plaque couleurs au monde. Un an plus tard en 1906 étaient présentées les premières plaques omnicolors.

Dès avril 1909, la société Jougla,commercialise les plaques à réseau Omnicolors, Mais les plaques de la société Jougla disparaissent de la vente quand les deux entreprises Jougla et Lumière fusionnent en 1912 (pour contrer Kodak) sous la dénomination de "l'Union Photographique des Établissements Lumière et Jougla réunis".et ne proposent alors que les plaques autochromes qui, de fait, supplanteront l’omnicolor.

Louis Ducos du Hauron se retrouvait une fois de plus rejeté par l'industrie.

A la mort de Joseph Jougla en 1927 la société prenait le nom de Lumière.

La structure d’une plaque Omnicolor utilisait un réseau trichrome, composé d'une trame géométrique. Le procédé était assez complexe. Il fallait en effet étendre sur une plaque de verre, ou de celluloïd ou de toute autre matière translucide, une première couche régulière de gélatine incolore sur laquelle était déposé un vernis imperméable à l'eau teintée en jaune ou en vert. Une fois sec, ce vernis était soumis à une machine à graver afin d'obtenir une série de sillons parallèle mettant à nu la première couche de gélatine. La plaque était alors plongée dans un bain de teinture violette puis après dessiccation, on protégeait le colorant par application d'une nouvelle couche de vernis incolore. Puis on traçait à nouveau la plaque de lignes d'encre grasse transparente se croisant à angle droit avec les premières.On soumettait alors la plaque à l’action d’un colorant orangé et l’on obtenait en définitive un réseau trichrome à divisions très fines et très régulières qui, une fois protégé par un vernis imperméable servait de support à un émulsion panchromatique

Les étapes du développement d'une plaque à réseau étaient assez nombreuses. Après l'exposition ou prise de vue ; le négatif était développé. Puis un second développement permettait d’obtenir un positif aux couleurs remarquables. Puis comme d’habitude venaient les étapes de fixation, de vernissage et d’un doublage éventuel de la plaque par une plaque de protection de même format.Des étapes que tous les photographes pratiquaient avant l'avènement du numérique.