C'est
vrai, Louis Ducos du Hauron ne tirera pas profit de ses inventions. Mais est-ce bien cela le pire ?
Ses inventions sont toujours exploitées. Que ce soit la photographie en couleurs, le principe cinématographique ou encore ses recherches optiques en particulier sur l'anamorphose qui est l'image des objets déformés et leur correction apportée par un dispositif , utile en particulier pour les objectifs à miroirs des lunettes astronomiques ou télescopes, avec lesquels on observe, à son époque notamment, le cycle lunaire qui s'inscrit dans l'imaginaire collectif. Même si le procédé qu'il a mis au point est toujours appliqué dans les observatoires et, sitôt au point, fut mis en place pour observer l'univers céleste.
Quant à son principe soustractif de la lumière pour la reproduction des couleurs, il fut appliqué après sa mort notamment dans les années 1930 par l'américain Georges Eastman qui créa Kodak .
Il sera utilisé pour la pellicule négative souple du Kodacolor, et par la firme allemande Agfa pour l'Agfacolor. Son procédé de trichromie est aussi à l’origine de la photographie numérique d’aujourd’hui.
Ses inventions sont toujours présentes dans notre quotidien. Mais l'homme à disparu de nos consciences
De son vivant, les seuls lauriers de Louis Ducos du Hauron seront quelques médailles, en 1870 celle du Palais des Champs-Élysées, en 76 de la onzième exposition de la Société française de photographie et, la même année, celle de l'Union des Beaux-Arts. En 1879, il obtiendra celle de l'exposition industrielle d'Agen dont la municipalité lui remet aussi la médaille d 'honneur de la ville. Il sera nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1912
Pourtant, en 1876, une chance s'offre enfin pour Louis Ducos du Hauron à l'occasion de l'exposition universelle où il présentera ses premières photographies en couleurs.
Elles sont remarquées par un allemand, Eugène Albert, de Munich, qui, intuitif, entrevoit l'application industrielle de ces découvertes. Il rencontre l'inventeur agenais et ,dit-on, lui propose la fortune pour qu'il développe en Allemagne l'impression de ses clichés.
Mais par pur patriotisme, Louis Ducos du Hauron ne veut produire que du « Made in France » et décline l'offre alléchante.
L'application industrielle de son invention par un imprimeur toulousain, avec lequel il signera un contrat, avortera hélas. L'entreprise de ce dernier est en effet dévastée par un violent incendie.
Son ultime demeure, rue Lamouroux à Agen
Ducos du Hauron aura joué de malchance d'un bout à l'autre de sa post-invention.
A la mort de son frère il ne subsistera, rue Lamouroux à Agen, que grâce à des rentes que lui ont accordées la Société des Arts et des Lettres, la municipalité agenaise, et les Frères Lumière qui avaient repris son brevet de l’image animée, le futur cinématographe.
Et puis malgré des inventions de génie, il restera méconnu même si, en 1948, le maire d’Agen, Alexis Pain, en inaugurant le plaque apposée sur la façade de la maison , rue Lamouroux, où il avait passé sa retraite , déclarait : « Le voile de l’oubli vient de se déchirer. Une brise légère emporte , comme un nuage dans le ciel lumineux de Gascogne, ces deux sœurs jumelles: l’indifférence et l’ingratitude ».
La municipalité du docteur Esquirol, elle, baptisera de son nom l’ancien collège de Rodrigues.